LORD  BYRON  and  his  TIMES
Byron
Documents Biography Criticism

The Life and Correspondence of Robert Southey
Robert Southey to Walter Savage Landor, 31 March 1839
THIS EDITION—INDEXES
DOCUMENT INFORMATION
GO TO PAGE NUMBER:

Preface
Vol. I Contents
Early Life: I
Early Life: II
Early Life: III
Early Life: IV
Early Life: V
Early Life: VI
Early Life: VII
Early Life: VIII
Early Life: IX
Early Life: X
Early Life: XI
Early Life: XII
Early Life: XIII
Early Life: XIV
Early Life: XV
Early Life: XVI
Early Life: XVII
Ch. I. 1791-93
Ch. II. 1794
Ch. III. 1794-95
Ch. IV. 1796
Ch. V. 1797
Vol. II Contents
Ch. VI. 1799-1800
Ch. VII. 1800-1801
Ch. VIII. 1801
Ch. IX. 1802-03
Ch. X. 1804
Ch. XI. 1804-1805
Vol. III Contents
Ch. XII. 1806
Ch. XIII. 1807
Ch. XIV. 1808
Ch. XV. 1809
Ch. XVI. 1810-1811
Ch. XVII. 1812
Vol. IV Contents
Ch. XVIII. 1813
Ch. XIX. 1814-1815
Ch. XX. 1815-1816
Ch. XXI. 1816
Ch. XXII. 1817
Ch. XXIII. 1818
Ch. XXIV. 1818-1819
Vol. IV Appendix
Vol. V Contents
Ch. XXV. 1820-1821
Ch. XXVI. 1821
Ch. XXVII. 1822-1823
Ch. XXVIII. 1824-1825
Ch. XXIX. 1825-1826
Ch. XXX. 1826-1827
Ch. XXXI. 1827-1828
Vol. V Appendix
Vol. VI Contents
Ch. XXXII. 1829
Ch. XXXIII. 1830
Ch. XXXIV. 1830-1831
Ch. XXXV. 1832-1834
Ch. XXXVI. 1834-1836
Ch. XXXVII. 1836-1837
Ch. XXXVIII. 1837-1843
Vol. VI Appendix
Creative Commons License

Licensed under a Creative Commons Attribution-Noncommercial-Share Alike 3.0 Unported License.
Produced by CATH
 
“Ham, ce 14. 7bre, 1832.
“Monsieur,

“J’ai appris, par l’intermédiare d’un ami à qui je suis tendrement attaché, que vous vous occupiez en ce moment d’un travail relatif aux circonstances qui ont accompagné la lutte que le trône des Bourbons a eu à soutenir dans les derniers jours de Juillet, 1830, vous proposant pour but, dans ce travail, de rectifier les erreurs qu’une calomnie victorieuse a cherché à propager dans le public.

“Personne mieux que vous, Monsieur, ne peut accomplir si noble tâche, et avec plus d’espoir de succès; votre talent bien connu, vos principes, vos sentiments généreux feront obtenir à la vérité ce triomphe que la force et les passions du moment ont pu seules lui arracher.

“Quant à moi, dont le nom se trouve nécessairement associé au drame révolutionnaire dont la malheureuse France a offert le spectacle à l’Europe, il me serait impossible de vous peindre tous les élans de ma reconnaissance; ceux-là seuls peuvent en mesurer l’étendue qui, habitués à étudier le cœur humain, comprendront ce que le mien a dû souffrir en me voyant, en face d’un peuple égaré et irrité, forcé de garderie silence. J’ai dû accepter,—ainsi que je le mandais à un de mes amis, à une époque peu éloignée de celle où nous sommes,—j’ai dû accepter tous les genres d’accusation qu’on a voulu entasser sur ma tête.
OF ROBERT SOUTHEY. 403
Je me suis considéré comme le chef d’un vaisseau, au moment d’un grand naufrage; le vaisseau, c’était la Royauté exilée qu’on cherchait encore à atteindre en me frappant; j’ai gardé pour moi les coups qu’on lui reservait; l’équipage, c’était mes collègues; un devoir impérieux m’imposait l’obligation de ne pas compromettre leur sûreté; je me suis tû lorsque cette sûreté pourait être compromise. L’histoire, j’ose le dire, ne retrace pas une situation plus compliquée que celle dans laquelle je me suis trouvé; jamais plus de sentimens de diverse nature froissés et brisés, n’ont torturé le cœur d’un homme; jamais l’honneur ne désarma mieux sa victime.

“Ces moments cruels sont passés sans doute; le temps est venu calmer l’irritation des esprits; les événements qui se sont succédés ont pu désiller bien des yeux, désabuser bien des esprits, et l’on pourrait se demander, si le moment ne serait pas enfin arrivé de révéler les mystères du passé et de présenter quelques explications devenues nécessaires pour ma justification.

“Je pourrais faire à cette question une réponse affirmative; mais j’ajouterai que je ne saurais être la personne chargée d’une semblable tâche; ma présence dans la lice réveillerait des amours propres, raviverait des ressentiments presque éteints; elle pourrait troubler ce repos momentaire que la lassitude du mal entraine souvent après lui. Il est des circonstances où le bon citoyen doit même savoir accepter les effets de la calomnie par amour pour la paix. La postérité, ou peut-être de mon temps encore, la plume de quelque main amie expliquera mon silence; il sera compris par l’homme de bien.

“D’ailleurs, le langage et les actes de ceux qui se sont faits mes accusateurs ont déjà commencé ma justification, et celle-là, au moins, n’a aucun des inconvénients que je viens de signaler.

“En effet, quelques-uns d’entr’eux reprochent aux ministres de Charles X. d’avoir violé la charte de 1814, en faisant une fausse application de l’article 14. renfermé dans cette même charte; mais eux, qu’ont-ils fait le 29.
404 LIFE AND CORRESPONDENCE
Juillet, 1830, après que les fameuses ordonnances furent retirés par
Charles X.? ils brisèrent la charte toute entière; ils détrônèrent le souverain à qui ils avaient prêté serment de fidélité, qui, d’après cette charte, était irresponsable, et dont la personne devait être inviolable; ou bien, ils ne cherchaient alors qu’un prétexte pour détruire la charte qu’ils invoquaient et pour renverser le trône qu’ils entouraient de leurs serments; et, dans ce cas, il y avait hypocrisie de leur part, ou bien les reproches qu’ils dirigent aujourd’hui contre les ministres de Charles X. doivent retomber sur eux; car, en supposant que les ministres de ce monarque aient fait une fausse interprétation de l’article 14., leurs accusateurs ont fait plus, ils ont brisé une charte et une couronne.

“D’autres, par leurs aveux, justifient d’une manière plus éclatante encore les ordonnances de Charles X. Ils déclarent qu’il y a eu, sous la restauration, une conspiration permanente contre les Bourbons; ils en nomment les chefs, ils en indiquent et la marche et le but, lequel était, disent ils, de renverser à la fois et le trône et la charte; ils se vantent d’avoir, dans les derniers temps du règne des Bourbons, rendu tout gouvernement impossible; c’est ainsi, qu’en révélant leur anciens projets, qui, au reste, étaient bien connus du gouvernement en 1830, ils disculpent le souverain qu’ils ont détrôné, puisqu’ils prouvent qu’il n’a agi que dans un but de défense personnelle et pour repousser des attaques qui menaçoient le trône et la tranquillité publique.

“Il suffirait donc aujourd’hui, pour justifier Charles X. et ses conseillers, d’enrégistrer les aveux qui remplissent les colonnes des journaux français. L’histoire impartiale se chargera sans doute de ce soin.

“Dans une brochure que j’ai publiée au commencement de cette année, et que je prie la personne qui a la bonté de vous transmettre cette lettre, de vouloir bien vous faire passer, j’ai prouvé la légalité des ordonnances du 27. Juillet, 1830; j’ai même prouvé que les adversaires de la couronne avaient, soit dans leurs discours à la tribune parlementaire, soit dans leurs écrits, interprêté le sens de
OF ROBERT SOUTHEY. 405
l’article 14. de l’ancienne charte de la même manière que l’avait interprêté la couronne en 1830. Or, que disait cet article? que le roi pourrait faire des ordonnances pour la sûreté de l’état. Qui oserait dire aujourd’hui que l’état n’était pas alors en danger? qui pourrait nier que le trône ne fut, à cette époque, miné de tous côtés, et qu’une révolution ne menaçât la France? mais les passions frappent et ne raisonnent pas.

“Vous excuserez, Monsieur, la longueur des détails dans lesquels je suis entré; j’ai cru devoir vous les soumettre, sachant que votre judicieux discernement et votre impartialité vous portent à ne pas juger des causes seulement par leurs effets, ni à vous laisser séduire par des apparences trompeuses. Je terminerai cette lettre par quelques observations sur la note que vous avez entre les mains, intitulée Note sur quelques circonstances relatives aux événements de Juillet, 1830.

“De graves erreurs, à ce qu’il me semble, se sont propagées concernant le nombre de troupes confiées au Maréchal Duc de Raguse, lors des troubles qui éclatèrent à Paris vers la fin de Juillet, 1830. Vous pouvez maintenant juger combien sont erronnées les bruits qu’on s’est plu à répandre à ce sujet. Une simple observation suffit pour en démontrer la fausseté. N’est-il pas évident, en effet, que, si le Duc de Raguse n’eût eu à sa disposition que cinq à six mille hommes, comme on la prétendu, il y eût eu, de sa part, une coupable impéritie à adopter le plan qu’il suivit le 28. Juillet, au moment où l’insurrection avait acquis son plus haut dégré d’intensité. Ce plan consistait, comme on le sait, à diviser ses troupes en trois colonnes, lesquelles devaient traverser Paris dans sa plus grande longueur, puis se répandre dans les rues nombreuses de la capitale. L’exécution de ce plan me parut même audacieux; les résultats n’en furent point heureux; la plus grande partie des troupes, ainsi divisées en petits corps épars dans des rues étroites, eurent beaucoup de peine à revenir sur leurs pas, et à surmonter les obstacles et les dangers qui s’opposaient à leur retour. Quoiqu’il en soit, on ne peut, sans faire injure aux talents militaires,
406 LIFE AND CORRESPONDENCE
ou aux sentiments de loyauté et de fidélité du Maréchal Duc de Raguse, supposer que, dans l’état de fermentation générale dans laquelle se trouvait alors la capitale, il eût osé tenter l’exécution d’un semblable plan avec cinq, huit, et même dix mille hommes; cependant il la tenta; donc, il crut que les forces qu’il commandait étaient suffisantes pour en assurer la réussite.

“Ce n’est point tout, après la journée du 28. la seule, on peut le dire, dans laquelle les rues de Paris furent le théâtre d’une lutte sanglante, puisque le lendemain matin la capitale fut évacuée, le Duc de Raguse, malgré la résistance opiniâtre qu’il avait rencontrée, dit hautement à mes collègues, à moi-même et à d’autres officiers présens, qu’il se maintiendrait un mois dans la position qu’il occupait alors; cette position était le Louvre, les Thuileries, les deux quais de la rivière et les Boulevards: il ajouta qu’elle était inexpugnable, et insista pour que j’en donnasse connaissance au roi, ce que je fis aussitôt. Il est donc hors de doute, qu’à cette époque, le Duc de Raguse avait encore la ferme conviction, que ses forces étaient suffisantes pour s’opposer aux efforts de l’insurrection, bien que toutes les troupes, qui des divers points de la division militaire placée sous son commandement se dirigeaient sur Paris, ne l’eussent point encore rejoint.

“Ainsi voilà deux faits avérés, incontestables, l’un desquels s’est passé avant l’action et l’autre après l’action, qui, sans autre commentaire, prouvent l’absurdité des bruits que des journaux français et étrangers se sont plus à accréditer relativement à l’insuffisance des forces qui furent confiées au Duc de Raguse, au mois de Juillet, 1830.

“Le 29. Juillet, au matin, Paris fut tout-à-coup évacué, presque sans coup férir; je cessai d’être ministre, et de prendre par conséquent part aux événements qui se sont succédés: qu’elles furent les causes de cette retraite précipitée, qui livra la capitale aux insurgés et la monarchie à ses ennemis, c’est à l’histoire qu’il appartient de les approfondir: quant à moi je les ignore encore.

“Il n’est peut-être pas inutile, Monsieur, que je pré-
OF ROBERT SOUTHEY. 407
vienne une objection qui pourrait être faite à deux assertions contenues dans la note qui vous a été transmise, et qui, au premier abord, semblent se contredire. Il y est dit, au commencement de la 2me page, que, dans le court délai de trois semaines qui s’écoula depuis le moment où le principe des ordonnances fut arrêté, et celui où elles furent signées, tout mouvement considérable de troupes devenait impossible: plus loin, à-peu-près à la septième page, il est dit, au contraire, que dans l’espace de huit ou dix jours, une force d’environ cinquante-cinq à soixante mille hommes se serait trouvée sous les murs de Paris. Ces deux assertions, quoique contradictoires en apparence, ne le sont cependant pas. Il suffit, pour s’en assurer, de réfléchir à quelle époque se rapportent les mouvements militaires auxquels l’une et l’autre de ces assertions fait allusion. La première époque se rapporte à un temps qui précédait les événements de Juillet, auquel temps il était important de ne pas éveiller l’attention publique, ni celle des journaux, sur des déplacements de troupes que le gouvernement n’eût pu expliquer, et qui eût pu faire naître des soupçons sur la nature des mesures qu’on voulait adopter; la seconde époque se rapporte, au contraire, à un temps subséquent à l’insurrection de Paris. Toutes les précautions indiquées ci-dessus devenaient alors inutiles: à la première époque, les mouvements de troupes devaient se combiner avec la sûreté de quelques localités importantes qui exigeaient une surveillance spéciale, telles que Lyon, Rouen, Nantes, Bordeaux, &c., qu’on ne pouvait laisser dépourvues de forces militaires. On jugea même prudent d’augmenter, dans le courant de Juillet, le nombre de troupes qui étaient alors en garnison dans quelques-unes des villes que je viens de citer. À l’autre époque, au contraire, tout devait céder devant la nécessité de sauver la capitale. On pouvait, on devait même négliger la sûreté de quelques points moins importans. Enfin, à la première époque, les mouvements de troupes ne pouvoient s’opérer que régulièrement, étapes par étapes, ce qui les rendaient difficiles et lents, tandis, qu’à l’autre époque, la rapidité de ces mouvements en faisait seule le
408 LIFE AND CORRESPONDENCE
mérite: l’ordre était donné aux troupes de s’avancer à marches forcées; les étapes étoient doublées; en eût pu même, au besoin, transporter les troupes en chariots.

“J’ai cru, Monsieur, devoir vous donner ces explications, qui furent devenues inutiles si le rédacteur de la note que vous avez entre les mains eût mieux exprimé sa pensée; les détails qu’elle contient seront rapportés avec plus de développement dans un travail qui se prépare, mais dont la publication doit être encore ajournée; et c’est à vous, Monsieur, que je serai redevable du premier essai qui aura été tenté d’éclairer le public sur des circonstances peu connues des uns et calomnieusement interprétées par les autres: une semblable tâche ne pouvait être entreprise par une plume plus éloquente, plus habile, ni qui fit mieux présager le succès.

“C’est avec regret, Monsieur, que je me suis vu forcé d’emprunter une main étrangère pour tracer les lignes que j’ai l’honneur de vous addresser; mais la faiblesse de mes yeux et d’autres incommodités inhérentes à la position dans laquelle je me trouve en ce moment, m’en ont fait une nécessité. Je n’ai pas, cependant, voulu terminer ma lettre sans charger moi-même de vous réitérer l’expressions de ma vive réconnaisance, ni sans vous prier d’agréer ici l’assurance de mes sentimens d’estime et de haute considération.

Le Prince de Polignac.
“To Dr. Southey,
&c. &c. &c.”